On croit les connaître par cœur, ces châteaux de la Loire ! Pour la grande histoire, OK. Mais la petite, les légendes, les anecdotes ? Allez, c’est parti pour une visite insolite !
1 – Trépané sur une table de cuisine !
Où ? : château de Talcy
C’est le Guide du Val de Loire mystérieux (éd Tchou) qui nous l’apprend. Une tradition tenace veut que le célèbre chirurgien Ambroise Paré trépane Agrippa d’Aubigné au château de Talcy… sur la table de la cuisine ! Nous sommes en 1572. Agrippa venait d’échapper aux massacres de la Saint-Barthélémy à Paris. Fiou… sauvé ? Pas sûr. Car en fuite vers l’Orléanais, on tente de l’assassiner !
Il se trouve à 22 lieues de Talcy, dans une hôtellerie. Son « assassin », cuirassé, lui saute dessus. D’Aubigné, en pantoufles, parvient à le toucher mais il glisse sur le sol gelé et reçoit deux coups à la tête. L’attaque a été brutale. A tel point qu’on ne sait pas s’il va en réchapper ! L’homme lui a quand même laissé « deux plaies, l’une profonde dans la tête ».
La plaie est « douteuse », on ne sait pas si Agrippa va s’en sortir, mais lui s’en fiche : il veut mourir dans les bras de sa chérie, la belle Diane Salviati, la fille du seigneur de Talcy… Pour ça, il fera une longue course pour tomber à Talcy dans un profond coma, « sans veine et sans pouls ». On le croit mort : il vivra. Pour se réveiller sous le regard de sa Diane… mais ça c’est une autre histoire !
2 – Viens, poupoule
Où ? : château d’Amboise
Au château d’Amboise se tient le premier élevage artificiel de poulets, installé par Charles VIII. « Un inventeur subtil à faire couver et naître poulets » le met en place. La Touraine historique et monumentale : Amboise, le château, la ville et le canton nous dit :
« Parmi les importations faites par Charles VIII, nous devons signaler une série de couveuses artificielles. Dans la colonie ramenée par le roi figure en effet « messire Luc Berjame, chevalier, joaillier et inventeur subtil à faire couver et naistre poulets ». L’installation avait été faite le long de la Loire, et « réussite merveille ».
Si nous possédions encore le manuscrit original de la Collégiale, nous saurions les détails de « l’état de la dépense faite pour la construction de ces fourneaux », voire même du nombre des œufs qui y furent employés. Ces fours furent installés du côté du nord, ce qui a fait donnera la tour des Minimes le nom de « tour des Fours ».
Et vous savez quoi ? François Ier fera de même au château de Montrichard…
3 – Curieuses momies !
Où ? : château d’Ussé
Des momies en Touraine ? Oui, venues de Haute-Egypte, transportées à dos de chameaux du Caire à Alexandrie. Elles arrivent à Marseille en 1632 : là, Nicolas Fouquet himself les achète puis les cède à sa mort en 1680 à Le Nôtre, qui lui-même les offre au seigneur d’Ussé, Louis de Valentinay.Elles sont très imposantes (près de 500 kg).
Leurs sarcophages sont couverts de hiéroglyphes, l’un en marbre blanc, l’autre en « pierre de touche ». Louis veut les mettre dans ses jardins. Eh, des momies dans un château, ça a de la gueule, non ? Pour ça, il fait aménager deux niches par Gaignières, en 1699. Les antiquités égyptiennes deviennent la curiosité d’Ussé !
Mais à la Révolution, le seigneur d’Ussé émigre. Ses biens se font confisquer, les momies font le voyage jusqu’à Paris. Parait-il qu’elles restent des décennies chez un particulier… avant d’entrer en 1847 au musée du Louvre ! On dit qu’elles sont encore quelque part dans les dépôts du musée…
4 – Bonnes nouvelles ?
Où ? : château de Chenonceau
La cour est à Chenonceau, en juin 1577, lorsque le roi Henri III apprend la prise d’Issoire par les catholiques du duc d’Alençon. Henri est content, mais conteeeent ! Allez, faut fêter ça : il veut qu’on appelle Chenonceau, à compter de ce jour, le « château des Bonnes-Nouvelles »… contrairement aux Protestants qui appelèrent l’année 1577 l’année des Mauvaises Nouvelles ! Heureusement pour nous, Chenonceau garde son joli nom.
5 – Ouuh, qu’elle est lourde !
Où ? : château de Ménars
Avec ses coquetteries, ses hôtels particuliers à meubler, ses manies, La Pompadour commence à coûter cher au roi. Et aux Français ! Mais elle n’en a jamais assez, de jolis châteaux : aussi la marquise achète la terre de Ménars en 1760. Pour s’y rendre depuis Paris, elle doit passer par Orléans.
Et à Orléans, l’architecte Hupeau vient de finir de construire un nouveau pont en pierre. Une œuvre de visionnaire, qui fait qu’on se demande s’il est vraiment bien solide… Hupeau se rend alors à Ménars pour demander à La Pompadour de bien vouloir passer sur son pont, la prochaine fois.
Histoire de faire taire les mauvaises langues ! Quand on apprend que la maîtresse de Louis XV a franchi le pont dans sa voiture à cheval, sans encombres, diantre ! Alors, on fait circuler le pamphlet suivant :
« Censeurs, Hupeau est bien vengé ! Reconnaissez votre ignorance, Son hardi pont a supporté Le plus lourd fardeau de la France. »
Ouuh, c’est petit, c’est mesquin, ça…
6 – Un mot d’amour sur de la buée
Où ? : château de Chambord
On sait que c’est un François Ier désabusé qui a gravé ceci sur une vitre du château : « Souvent femme varie, bien fol est qui s’y fie ». La Grande Mademoiselle (la cousine du roi Soleil) a fait mieux ! Elle qui bave devant le beau Lauzun… Il est là, ce soir à Chambord, avec la Cour ! Elle l’emmène à l’écart, la coquine, et trace le mot « Vous » sur la buée qu’elle avait soufflé sur un miroir… Si c’est pas une déclaration, ça !
7 – Faites chauffer la colle !
Où ? : château de Montgeoffroy
A 16 ans, la jeune Sophie de Castellane épouse son cousin âgé de 21 ans, Henri de Contades. Le mariage est magnifique. Bal, pièces de théâtres, feux d’artifices… La fête, grandiose, se passe au château de Montgeoffroy.En apparence, le petit couple va bien. En apparence, j’ai dit ! A Montgeoffroy, Monsieur vit au premier étage, Madame au rez-de-chaussée.
Ils dînent ensemble, partagent quelques moments comme des balades à cheval… mais c’est tout. Comment dire… il y a comme une incompatibilité d’humeurs.Il faut dire qu’Henri en tient une couche. Bizarre, le jeune homme ! Il a des genres de manies, des manières pas dignes de quelqu’un de la haute ! Il adore siffloter dans ses appartements et plus encore, casser des assiettes pendant les repas.
Bim, un coup de coude, et ça pète ! Henri adore. Qu’est-ce qui ne tourne pas rond, chez ce garçon ? On va dire qu’il est un peu trop consanguin et doté d’un âge mental plus que moyen…Sauf que casser des assiettes, ça devient une vraie passion : on dit qu’il va aux foires acheter des douzaines et des douzaines d’assiettes qu’il brise en petits morceaux sur la route qui le ramène à Montgeoffroy !
8 – Monsieur ou madame ?
Où ? : château de Chaumont-sur-Loire
A Chaumont, on a une éléphante comme animal de compagnie ! Mais aussi… des seigneurs singuliers. A l’image de ce Geoffroy dit « Jeune Fille » ou « Belle Fille », chevalier d’Eon avant l’heure.Le premier seigneur de Chaumont s’appelle Gelduin. Il avait eu une fille, Chana.
Mais point de mâle ! Pas de descendance, donc… Mais un jour, il a enfin ce fils tant attendu. Enfin, hum… fils, on ne sait pas ! Il s’appelle Geoffroy. Mais en grandissant, il développe de plus en plus des traits fins, une beauté troublante très féminine. On le surnomme vite « Jeune fille » ou « Belle fille » !
Vous parlez d’un surnom, ça fait bien pour un chevalier… Pourtant, Geoffroy était courageux, endurant aussi. Il passait sa vie à cheval, sans manger et sans boire pendant des jours ! Histoire de Blois contenant les antiquitéz et singularitez du comté de Blois rapporte :
« S’étant accoutumé dès son bas âge à marcher tête nue, ni la pluie, ni le froid le plus âpre ne le purent jamais obliger à la couvrir. Et ce qui est assez surprenant, cette manière de vie ne lui fit rien perdre de la beauté de son visage… »
La Belle fifille a eu une très longue vie, sans jamais s’être marié.
9 – Une histoire de dame blanche
Où ? : château de Fougères-sur-Bièvre
Y aurait-il une dame blanche à Fougères ? Peut-être ben qu’oui ! Celle de Marie, épouse du seigneur de Fougères, qui la fait assassiner en 1087 dans une des tours, la suspectant d’adultère… Ca, c’est la version qu’on trouve dans le Guide du Val de Loire mystérieux (éd Tchou). Mais l’histoire a inspiré Victor-Joseph de Jouy en 1807 dans son tome XII de L’ermite en province : « La châtelaine de Fougères »…
Il dit que l’histoire se passe en 1492. Le seigneur de Fougères a pour femme Yseule. D’humeur sombre, le sire est toujours à la guerre. Yseule s’ennuie dans son château ! Elle est belle, trop belle, alors son mari lui interdit de recevoir le moindre mâle en son château. Elle ne lui désobéit jamais… Mais un jour, une vieille amie à elle lui envoie un jeune page chargé de lui remettre des cadeaux, gage de son amitié. Le page présente les cadeaux à Yseule.
Mais c’est alors que son mari, rentré plus tôt de combat, débarque dans la cour du château ! Malheur… elle a à peine le temps de hurler au page de se cacher que son mari déboule et voit la scène. Furieux, il la jette dans un cachot dans une des tours du château.
Comment expliquer la disparition soudaine de sa moitié ? Peuh, aucun problème ! Il raconte que la maladie l’a terrassée… Mais un jour, Yseule parvient à voler les clefs de sa geôle. Elle sort et enferme à la place son mari. Elle ne le libérera qu’à condition qu’il s’excuse publiquement…
10 – La Pucelle échappe à une tentative de meurtre !
Où ? : château de Sully-sur-Loire
Nous sommes en 1430. Jeanne d’Arc est « l’invitée » de Georges de La Trémoille, conseiller principal du roi Charles VII, à qui Sully appartient. La Trémoille aime tremper dans les histoires douteuses mais en plus, il trahit tout le monde. Même Jeanne.
Des témoins affirment que pendant son « séjour » à Sully, elle échappe de peu à la mort : La Trémoille avait voulu la précipiter du haut du chemin de ronde de l’une des tours, pendant une promenade ! Et après un mois de « réclusion », Jeanne s’enfuit du château… galopant vers son destin.
11 – Exorcisme au château
Où ? : château du Lude
Saviez-vous que l’évêque de Vannes, Bleviliguet, pratique au château (Lusdi castro, comme il s’appelle alors) un exorcisme, au Xe siècle ? Mince, le Malin au Lude ? Et oui… le Diable s’était emparé d’un domestique, prêt à noyer son seigneur dans la flotte ! Une fois l’exorcisme torché, une des tours du château prit le nom de « tour du Diable » en souvenir… Un fait authentique, consigné dans la Chronique rimée de Saint-Julien de Tours.
12 – La girafe d’Anne
Où ? : château de Plessis-lès-Tours
Louis XI avait peuplé son château du Plessis de pleins d’animaux. Sa fille, Anne de Beaujeu, les aime aussi, les bestioles ! Et à la mort de son père, elle se met en tête de continuer la « collec ». Serins, tourterelles d’Afrique, chiens espagnols et rennes de Scandinavie…
Elle se souvient alors de la girafe que Laurent de Médicis avait promis de lui donner… Une bête qui se trouvait à sa cour, à Florence. Manque plus que la grande bête se fasse au climat de la Touraine, se dit Anne, s’imaginant déjà avoir sa girafe.Mais Lolo, tout magnifique qu’il soit, tarde à la lui donner. Alors, Anne sort sa plus belle plume et écrit :
« Vous savez que autre fois, vous m’avez écrit que m’envoierez la girafe, et combien que je me tienne seure de votre promesse, néanmoins pour vous donner à connaître l’affection que j’y ai, je vous prie que vous la faites passer et la m’envoyer par deçà. Car c’est la bête du monde que j’ai plus grand désir de voir… »
Mais non, Laurent garda sa girafe… et Anne ne put la voir qu’en dessin ! Il faudra attendre 400 ans pour voir une autre girafe fouler le sol de l’Europe : celle de Charles X.
13 – Jeanne et les ribaudes
Où ? : château de Gien
Jeanne passe quelques jours au château de Gien. Dans la ville, elle fait la rencontre de femmes de petites vertus qui sollicitent les hommes de l’armée du roi. Hommes du roi qui ne disent pas non… Un peu d’bon temps, que diable ! Mais Jeanne, les ribaudes, elles les a dans le nez ! Enervée, elle leur file des coups sur le dos avec le plat de son épée : elle n’a pas dû y aller de main morte, car l’arme se casse !
L’épée avec qui elle avait combattu si courageusement… Il s’agissait de l’épée de Charles Martel, provenant de l’église de Fierbois (37) ! Jeanne ne l’avait jamais vu mais elle la voulait car ses voix lui avaient indiqué son existence. On la découvrit effectivement derrière l’autel, à moitié rouillée…
Zut alors ! Le roi, qui apprend la chose, dit à la Pucelle : « Si vous voulez taper sur les gens, libre à vous. Mais au moins, utilisez un bâton, c’est mieux que de péter bêtement une belle épée qui en plus vous a été envoyée du Ciel… » Un bien mauvais présage, que cet épée brisée !
14 – Les Templiers sont passés par là !
Où ? : château de Montrichard
On savait que les Templiers, avant de se faire brûler vifs à Paris sur une île près de Notre-Dame, s’étaient arrêtés à Chinon pour y être emprisonnés. Mais saviez-vous qu’ils se sont aussi arrêtés à Montrichard ? Ils sont trois, trois très hauts placés : Jacques de Molay, Hugues de Pairaud, Geoffroy de Gonneville.
Nous sommes en 1308 : ils doivent faire un voyage qui va les mener de Paris jusqu’au pape Clément V, à Poitiers. Mais, malade, le pape ne peut les recevoir. Ils font donc étape à Chinon où ils rédigent leurs aveux… On voit sur les murs du gros donjon de Montrichard des graffitis laissés par ces hommes… Graffitis qui comme à Chinon, sont bien mystérieux !
15 – Diamonds are a girl’s best friend
Où ? : château de La Bourdaisière
Au château de La Bourdaisière a vécu une certaine Marie Gaudin. Le nom vous dit quelque chose ? C’est normal ! Elle a été la maîtresse de François Ier (et parait-il après de Charles Quint) et la plus belle femme de son temps ! Elle accompagne François en Italie en 1515 et se fait présenter au pape Léon X : il la trouve tellement belle qu’il lui offre un énorme diamant : le « diamant Gaudin »…
16 – Les projets dingos de Léo
Où ? : château du Clos-Lucé
Au petit manoir du Clos, Léonard de Vinci s’occupe de mille choses : projet d’assèchement des marais autour d’Amboise, tracé de canaux dont celui au confluent de la Sauldre et du Morantin, rattachement de la Loire à la Saône, de la région Centre avec la Provence… En avance sur son temps, Léo ?
17 – La prune du duc du Guise
Où ? : château de Blois
Le duc à la balafre victime d’une prune de Brignoles ?
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