Ce 21 janvier après-midi, c’est l’effervescence générale sur les cinq étages du 360 Paris Music Factory: le lieu est censé ouvrir le soir même avec un concert de Caravane Namasté, dans le cadre du festival « Au Fil des Voix », et quelques dernières retouches sont nécessaires. Les peintres donnent de derniers coups de pinceau dans les escaliers, on balaie encore quelques poussières de travaux dans les couloirs, mais aucun doute pour Saïd Assadi, le fondateur du lieu, harcelé par son téléphone mais malgré tout serein: tout sera prêt pour accueillir le public du concert.
Inséré à l’angle de la rue Myrha et de la rue Léon, le bâtiment est à la fois remarquable par sa taille et son originalité (imaginé par l’architecte Gaétan Engasser), comme parfaitement intégré dans son environnement. Sa façade blanche faite de lignes sobres, percée de larges fenêtre et ouvertures, avec baies vitrées et vaste balcon donnant directement sur le carrefour, témoigne de la volonté de créer un lieu ouvert à son quartier d’implantation ; de la porosité souhaitée entre cet édifice tout entier consacré à la musique et une population dont l’accès à la culture n’est pas forcément aisé.
Un incubateur de talents
Sorti de terre de la première à la dernière pierre, le projet du 360 a depuis 2011 été porté à bout de bras par Saïd Assadi. D’origine iranienne, il est un acteur majeur de la production et de la diffusion musicales, qui a notamment créé en 2008 le festival Fil des Voix, événement mettant en lumière les plus belles voix du monde entier. A la naissance du projet, l’ambition était double: tout d’abord créer un établissement parisien d’envergure dédié à celles que l’on appelle trop souvent les « musiques du monde » depuis notre occident, mais qui sont en réalité « toutes les musiques du monde ». Egalement, offrir un lieu où toute la chaîne de la production musicale serait intégrée, des premières notes hésitantes de la composition jusqu’à, pourquoi pas, la sortie d’un disque, et ce en mutualisant les moyens.
Au cinquième étage sont ainsi aménagées quatre résidences d’artistes, de petits appartements où vivre et créer, en toute liberté, qui peuvent accueillir jusqu’à huit musiciens. Au sous-sol, place à un studio de répétition et d’enregistrement pour expérimenter, peaufiner ses compositions. On pourra ensuite reprendre des forces au restaurant installé au rez-de-chaussée, censé favoriser les échanges entre les artistes, les professionnels et le public, puisqu’il sera bien évidemment ouvert à tous. Mais le véritable cœur du 360, c’est bien sûr sa salle de concerts: 190 places assises, une configuration debout de 300 places, et dotée d’équipements de haute technologie. C’est d’ailleurs l’un des points forts du lieu, défendu par Saïd Assadi: le bâtiment est entièrement connecté, et satisfait aux dernières exigences numériques. Au-dessus de la salle se trouvent l’administration et une pépinière d’entreprises toutes liées à la production musicale, ainsi qu’à la transition numérique culturelle. Enfin, sur la terrasse avec vue imprenable sur le Sacré-Cœur, on pourra pourquoi pas fêter au champagne la sortie d’un disque entièrement produit au 360. Terrasse où seront par ailleurs cultivées des plantes aromatiques utilisées dans la cuisine du restaurant.
Un lieu d’inclusion et de dialogue des cultures
Car le circuit court, dans toute l’acception du terme, c’est aussi l’un des credos défendus par le 360. Dans l’approvisionnement de la cuisine, pour l’anecdote, mais surtout, plus symboliquement, avec son environnement. L’accessibilité est un leitmotiv: une carte avec un large éventail de prix pour le restaurant accessible depuis la rue, et surtout des tarifs attractifs pour les concerts, jamais au-dessus de vingt euros, et ce pour attirer une grande diversité de visiteurs. La « transculturalité » est LA valeur défendue par le 360, dans les styles et les origines musicales des artistes, la diversité culturelle, sociale, des publics que le lieu espère fédérer. Dans un vœu pieux, c’est selon Saïd Assadi une belle façon de lutter contre les phénomènes de communautarisme. Le 360 a également vocation à s’impliquer dans la transformation du quartier par des actions pédagogiques et culturelles, avec les associations, les écoles, les bibliothèques, à jouer un rôle social et solidaire important.
Que le concert inaugurant le 360 fasse partie du festival Au Fil des Voix ne doit rien au hasard. Saïd Assadi en est le fondateur, et son esprit cadre parfaitement avec les valeurs qu’entend porter le lieu. Une belle manière de donner naissance à un lieu novateur qui se fond dans son quartier, un havre accueillant pour les amateurs comme pour les professionnels, les curieux comme les esthètes, qu’on espère agrégateur de talents et de publics de toutes origines.
issu de l’article : https://quefaire.paris.fr/100923/360-paris-music-factory-un-phare-musical-au-c-ur-de-barbes