Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland, créé en 1988, est un petit jardin à la française de 987m2. Planté d’érables qui flamboient en automne, c’est à la belle saison qu’il déploie tous ses charmes. La roseraie y offre le plus beau des spectacles au printemps. Treillages et bosquets odorants s’expriment alors dans l’abondante floraison de nombreuses variétés de roses dont la Pierre de Ronsard et la Catherine Deneuve. Cette nature luxuriante en plein cœur de la ville, à l’abri du chahut de la rue, offre un écrin divin pour les pique-niques en famille ou les instants romantiques. Bien caché, ce joli secret du Marais est peu fréquenté. Bancs de pierre blonde engageants, avenants carrés de pelouse, la quiétude de ce jardin labellisé espace vert écologique se trouve à peine troublée par le chant des oiseaux. Seuls les initiés et les habitants du quartier semblent connaître le chemin qui mène à l’oasis à travers un dédale de ruelles discrètes.
Le Square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland rend hommage à Pauline Roland (1805-1852) institutrice féministe et socialiste proche de George Sand et Pierre Leroux. Originaire de Falaise, elle arrive à Paris en 1832 où elle collabore activement aux premiers journaux féministes tels que La Femme Nouvelle. Elle s’engage politiquement et milite pour l’égalité des sexes. Impliqué très activement dans la résistance parisienne au coup d’État du 2 décembre 1851 qui donne naissance au Second Empire, elle est condamnée à la déportation en Algérie. Pauline Roland ne doit sa libération anticipée qu’à l’intervention de George Sand et Pierre-Jean de Béranger mais ses conditions de détention ont été telles qu’elle meurt prématurément sur le chemin du retour vers son foyer en 1852.
A quelques mètres de l’église Saint-Denys du Saint Sacrement dont la Piéta a été peinte par Delacroix, le square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland ne se laisse pas facilement rejoindre et l’expédition à tout du jeu de piste. Labyrinthe d’étroites venelles, porches dissimulés au regard, passages inattendus qui s’ouvrent soudainement dans l’alignement de la rue, il est accessible par deux entrées chacune située dans le coude d’une petite voie, rues de Villehardouin et des Arquebusiers. Depuis la rue des Arquebusiers, le passage surmonté d’un motif de cor de chasse en clin d’œil au nom de la ruelle qui s’y ouvre, rue du Grand Veneur, mène vers un ensemble moderne à traverser qui ne laisse rien présager.
Situé à l’arrière des hôtels particuliers de Hesse et d’Ecquevilly dit hôtel du Grand Veneur qui donnent sur la rue de Turenne, le square Saint Gilles Grand Veneur Pauline Roland est bordé d’un côté par les bâtiments de style rocaille soigneusement restaurés et de l’autre par cette résidence contemporaine qui sans avoir de charme particulier est suffisamment neutre pour ne pas jurer avec l’architecture générale du quartier et du square.
L’hôtel d’Ecquevilly dont la façade principale donne sur le 60 rue de Turenne a été construit en 1637 pour une riche veuve, Madame Martel, par Michel Villedo qui est alors maître maçon des bâtiments du roi et des œuvres de maçonnerie et qui deviendra en 1641 maître général des œuvres de maçonneries des bâtiments du roi et des ponts et chantiers de France avant d’accéder enfin en 1646, à la charge de conseiller et architectes des bâtiments du roi. En 1646, l’hôtel particulier revient à Claude de Guénegaud, conseiller-secrétaire du roi, trésorier de l’épargne, qui a épousé Catherine Alfonsine Martel, la fille de la riche veuve, en 1637. Celui-ci agrandit son domaine jusqu’au rempart de Charles V afin de créer un vaste espace champêtre. Proche de Nicolas Fouquet, il est emporté dans la tourmente de la disgrâce royale.
En 1686, le chancelier Louis Boucherat (1616-1699), important magistrat et parlementaire qui n’obtint cependant jamais la dignité de ministre d’État de Louis XIV, se rend propriétaire du domaine. André Le Nôtre dessine de somptueux jardins. A la mort du chancelier, sa fille Madame de Harlay choisit de morceler la propriété, réduisant le jardin dont il ne subsiste aujourd’hui que l’orangerie dans la cour du 11-13 rue des Arquebusiers, qu’à peu de chose.
En 1733 l’hôtel est acquis par Augustin Vincent Hennequin d’Ecquevilly (1684-1749), brigadier des armées du Roi, capitaine du vautrait, équipage royal de chasse au sanglier de Louis XV, improprement surnommé Grand Veneur. Il fait remettre la demeure au goût du jour par l’architecte Jean-Baptiste Beausire (1693-1764) qui officie avec le concours du maître-maçon Pierre-Jean Varin. Les bâtiments s’ornent de bas-reliefs inspirés de la chasse. Sur les balcons du jardin, la rampe d’escalier d’honneur, le marteau de la porte, ces ornements rocaille à thème cynégétique représentent des hures de sanglier, des têtes de chien, des carquois et des flèches.
Confisqué à la Révolution, l’hôtel d’Ecquevilly se voit dépossédé de son riche décor intérieur qui est dispersé au XIXème siècle lorsque les dames franciscaines de Sainte-Elisabeth achètent les bâtiments en 1823. Le couvent déménage en 1901. Les bâtiments sont rachetés par les Magasins Réunis, chaîne de grands magasins fondée en 1883 par Antoine Corbin et son fils Eugène Corbin, dont ils deviennent la centrale d’achat et dépôt. Très abîmé par cette fonction, l’hôtel qui a fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 17 mars 1925, tombe dans l’escarcelle d’une compagnie d’assurance en 1985.
Loué à la société Jacob-Delafon, fabricant de salles de bain, il devient show-room jusqu’en 2007. A cette époque, une lourde restauration dont l’objectif est de retrouver le lustre de 1735, est entreprise. L’hôtel est ensuite séparé en luxueux appartements. Il poursuit aujourd’hui sa vocation d’habitation particulière.
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