Elle mise plutôt sur le contemplatif et ça tombe bien en ces temps où il vaut mieux ne pas toucher des dizaines d’objets au fil des expositions. La Cité des Sciences (XIXe) met à l’honneur les ingénieurs et architectes des matériaux. Avec « XXHL, giga tours et méga ponts », elle cherche à éveiller des vocations auprès des ados. Montrer que la physique et les maths ne sont pas inutiles au lycée, que ces matières jugées barbantes mènent à la création de la plus haute tour du monde à Dubaï, à la restauration imminente de la tour Montparnasse ou encore à l’esthétique épurée du viaduc de Millau.
L’exposition nous enveloppe à son entrée dans quatre immenses panneaux lumineux. Dans le noir, assis sur des tabourets espacés, les ponts et tours défilent en phosphorescent comme des images d’un vaisseau spatial, sur des écrans de 5m de haut.
« On a centré le discours sur le défi des ingénieurs et des architectes, à travers des exemples concrets », décrypte la chef de projet et muséographe, Evanthia Ioannidou. A chacun des édifices hors-norme, son défi. A Dubaï, Burj Khalifa semble toucher le ciel avec sa pointe à 828 mètres de hauteur. Sur sa maquette blanche, son pied s’allume, pour raconter ses fondations sur un sol mouvant dans le désert. Une projection de vidéo mapping permet de voir chaque étape de la construction, depuis les fondations, avec des pieux métalliques à 50 mètres de profondeur pour supporter 300 000 tonnes de béton. Le sable a été apporté d’Australie et 12 000 ouvriers ont œuvré à cette construction titanesque. Etude du flux du vent, grue autogrimpante… Et comment faire monter du béton sous un soleil à 50 degrés? En y mélangeant un coulis de glace.
Différentes textures de béton : ordinaire, fibré, bas carbone ou haute performance.
A travers l’exemple de la tour Montparnasse se pose l’urgence d’une rénovation. Quatre ans de travaux seront nécessaires pour la rendre moins énergivore, relier son sous-sol au métro, construire une serre agricole à son sommet, supprimer les émissions de CO2, poser du photovoltaïque. Quatre tablettes numériques en réalité augmentée permettent de mesurer ces défis écologiques. Autour de la maquette, des écrans proposent deux simulations. L’édifice en 1973 lors de sa construction, ou en 2024, à la fin de sa réhabilitation. Sur une table en face, des tubes enferment divers matériaux de construction pour montrer en quoi sont fabriqués le béton ordinaire, fibré, bas carbone ou haute performance.
Après les tours, les ponts arborent crânement leurs défis. Le plus long au monde dédié aux voitures et aux trains, se trouve à Istanbul, en Turquie. Une table présente la maquette du viaduc de Millau, animée en vidéo mapping. La maquette se colore dans son décor naturel, puis, dans le noir, elle affiche les chiffres vertigineux où l’on prend la mesure de sa démesure avec le tonnage de béton, les hauteurs de ses piliers. Un pont emblématique du début du XXIe siècle, devenu une attraction touristique. Cet ouvrage haubané aux allures de voilier le rend résistant au vent.
On ressort de l’exposition impressionné par tant de génie, perplexe sur l’utilité de telles hauteurs, sur ces ponts toujours plus longs, comme des cicatrices dans la nature, pour accélérer nos déplacements.
« XXHL, giga tours et mega ponts », du 1er septembre au 7 mars à la Cité des Sciences et de l’Industrie (XIXe), porte de la Villette. Tous les jours sauf lundi de 10 heures à 18 heures, dimanche jusqu’à 19 heures. Tarifs : 9 à 12 euros.
Article issu du site le parisien que nous vus invitons à consulter.
https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/sortir-region-parisienne/xxhl-giga-tours-et-mega-ponts-a-la-cite-des-sciences-une-expo-vertigineuse-01-09-2020-8376531.php#xtor=EREC-1481423604-[NL75]—$%7B_id_connect_hash%7D@1