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Les tics et les tocs des Parisiens

Les week-ends: «Du vert, sinon je vais déprimer»

Tonton Marcel

Qu’on se le dise: le Parisien adore sa ville, mais il aime aussi s’en échapper. Que ce soit dans une capitale européenne, pour «s’évader», ou en province, pour «respirer», le week-end fait partie du kit de survie du parfait Parisien. Plutôt que le combo easyJet-hôtel Ibis, le vrai luxe consiste à faire appel au très stylé Tonton Marcel le temps d’une échappée verte rurale dans une ferme bourguignonne confidentielle, ou à passer une commande personnalisée chez Voyageurs du Monde (55, rue Sainte-Anne, IIe. 01 42 86 16 00) pour un aller-retour express au Maroc. Invariablement, enfin, les plus hédonistes s’en vont toquer à la porte de la maison des Relais & Châteaux(33, bd Malesherbes, VIIIe. 0 825 825 180) pour certes humer l’odeur des champs, mais une coupe de champagne à la main. Que celui qui ne s’est jamais exclamé: «J’ai l’impression d’être parti une semaine!» lève le doigt.

Le brunch: «Oui, mais pas trop tôt»

Du lundi au vendredi, le Parisien travaille (15 h par jour environ…). Le samedi soir, il sort. Alors, le dimanche, il aime prendre son temps. Un moment de convivialité a été créé spécialement pour son salut dominical: le brunch. En couple ou entre amis, le brunch est une parenthèse sucrée/salée qui permet d’échanger de façon «posée» autour d’une belle table, en bois de préférence. Là, à chacun son style: Joe Allen (30, rue Pierre-Lescot, Ier. 01 42 36 70 13) pour les nostalgiques de gastronomie new-yorkaise, ou Alain Milliat (159, rue de Grenelle, VIIe. 01 45 55 63 86) pour sa confiture figue-violette et son œuf cuit à 62 °C: LA curiosité du moment .

Les expos: «Le MAC/VAL, c’est loin, mais c’est canon»

À quoi bon être immergé dans un bain culturel si l’on n’en profite pas? À défaut de voir toutes les expos, un bon Parisien connaît tous les agendas! Et il a ses préférences… Le Louvre? Pour les touristes. Beaubourg? Déjà vu. Orsay? Avec maman, éventuellement. Les lieux qui trouvent grâce à ses yeux sont avant tout la Fondation Cartier (261, boulevard Raspail, XIVe. 01 42 18 56 50), le Jeu de paume (1, place de la Concorde, VIIIe. 01 47 03 12 50), le MAC/VAL (place de la Libération, Vitry-sur-Seine. 01 43 91 64 20) et le Palais de Tokyo (13, avenue du Président-Wilson, XVIe. 01 81 97 35 88), de préférence entre 22 heures et minuit en semaine. Demandez-lui, en revanche, quand il y a mis les pieds pour la dernière fois… et la réponse sera des plus embarrassées!

Le panier bio: «J’ai fait du quinoa, pour changer»

Mieux que personne, le Parisien sait reconnaître les bons produits (n’essayez pas de le coincer: il a grandi à la campagne!). Alors, les grandes surfaces oui, mais pas pour les légumes! Depuis quelque temps, les enseignes bio ont succédé aux Amap de quartier. Biocoop (47, rue Jacques-Hillairet, XIIe. 01 43 07 46 20), Les Nouveaux Robinsons (78, boulevard Saint-Michel, VIe. 09 77 74 54 86) et La Vie claire (42, boulevard du Temple, XIe. 01 47 00 80 88) seront bientôt rejoints par Cœur de ­nature, la branche bio du groupe Auchan, qui ouvre ce mois-ci son premier magasin à Brétigny-sur-Orge (Essonne). La simple proximité d’un magasin Naturalia, enfin, peut même convaincre le Parisien de l’intérêt d’emménager dans un nouveau quartier. Quel bonheur, ensuite, d’expliquer à ses collègues comment préparer un gratin de panais-rutabaga!

Au top de l’information: «C’était dans le Figaroscope ce matin»

Certes, le Parisien ne regarde jamais le journal de 20 h (et pour cause: il est rarement chez lui à 20 h), mais écoute la radio le matin (France Inter), lit la presse dans le métro, regarde les chaînes d’information avant l’extinction des feux et jusque dans son lit sur son iPad. Avant d’aller au cinéma, il lit toutes les critiques de films, de celles de Télérama à celles du Figaroscope. Et si celle des Inrocks est assassine, «c’est que le film est bien». Bref, il est surinformé et il aime ça.

L’after work: «J’ai une envie de mojito»

Après sa journée de travail, le Parisien et son double féminin n’ont qu’une envie: se détendre à la terrasse d’un café. Deux solutions s’offrent à eux. Retrouver des amis dans un bar feutré, de grand hôtel ou non, du moment que le mojito figure à la carte. Ou descendre entre collègues dans le troquet le plus proche. Là, la déco ne paye pas de mine, on appelle le patron par son prénom et la bière parisienne Gallia fait l’unanimité. En témoigne le trottoir bondé du Laffitte chaque soir de semaine (43, rue Laffitte, IXe. 01 42 80 07 66), plébiscité par les jeunes troupes de l’agence Fred & Farid. Ou encore Le Sémaphore (32, rue de Londres, IXe) et L’In­connu (17, rue de Mazagran, Xe). Un concept que souhaite concurrencer le lunch beat. Venu de Stock­holm, il propose d’aller danser à l’heure du déjeuner (à l’Institut suédois et sur unchbeat.org).

Le vélib’: «Mon bilan carbone est OK»

Tout bon Parisien se doit de maîtriser le Vélib’. Quand vient l’été, il a ainsi le loisir de prendre la bicyclette grise et de sillonner Paris. Fidèle à lui-même, il ne manquera évidemment jamais de s’exclamer «Je suis venu en Vélib’!» au moment d’embrasser ses amis.

Mais soyons honnêtes: les trois quarts du temps, le Parisien explique surtout pourquoi il n’est pas venu en Vélib’: trop froid, impossible d’en trouver un qui fonctionnait, pas de borne pour le déposer dans le quartier… Là encore, ce qui compte, c’est de faire savoir qu’on est un utilisateur assidu, non d’en être vraiment un. On est curieux de voir si les New-Yorkais, qui auront leurs vélos libre-service fin juillet, en auront la même utilisation…

Les meilleures adresses: «On a découvert un petit resto…

Le meilleur burger, la meilleure boulangerie, le meilleur couscous de Paris… Avoir dans son sac les cartes de visite des «vraies bonnes adresses» de la capitale (ou le Figaroscope) donne au Parisien le sentiment d’être un épicurien accompli, de détenir là quelque chose de confidentiel. Mais, comme il est prêteur, ce chantre du savoir-vivre ne manque jamais de partager son secret avec un cercle d’amis choisis qui, à leur tour, passent le mot.

Ainsi se font et se défont les modes comme les réputations des établissements. Notez que ça marche aussi pour le meilleur cordonnier, le meilleur garagiste, le pédiatre très dispo, le «dentiste-qui-ne-fait-pas-mal» et le brunch en terrasse.

… et on adore les sushis»

Avec ses amis, sa moitié, ou tout simplement devant son ordinateur, le Parisien raffole des sushis. Les commander, c’est classe. Aller en déguster, c’est chic, surtout au Benkay (61, quai de Grenelle, XVe. 01 40 58 21 26). Anguille, saumon, tarama d’oursin, menu 12, menu 17: chacun ses préférences. Pourvu qu’on ait l’impression de manger léger et sain.

Les parcs: «Prendre le soleil, et vite!»

Quand il ne part pas en week-end, le Parisien traque la chlorophylle. Parcs, jardins ou squares: la verdure fait partie intégrante du paysage et chaque habitant connaît le moindre recoin du square le plus proche de chez lui. Qu’il pleut, qu’il vente, qu’il neige, les familles viennent se promener par grappes entières aux Tuileries, au Luxembourg. L’été, les pelouses sont colonisées par des centaines de citadins venus prendre leurs premiers coups de soleil. Et faire baisser le nombre des Français carencés en vitamine D (50 %). Le sport national étant, une fois sur place, de s’agripper à la première chaise qui se libère. D’expérience, on peut attendre longtemps.

La gym suédoise: «Si je n’y vais pas, mon corps me le reproche»

Le tapis roulant de la salle de gym est mort, vive la gym suédoise! Depuis quelques mois, ce sport venu du nord de l’Europe a supplanté tous les autres. Pas besoin d’être blonde aux yeux bleus pour le pratiquer. En musique et en cercle, la Parisienne transpire chaque semaine avec le sourire, sans toiser les autres, dans la salle la plus proche de chez elle (pour la trouver: gymsuedoise.com). Elle refuse désormais les rendez-vous pour un café le samedi matin. Et la tendance n’est pas près de passer. À moins que… la cote de la barre au sol, déjà élevée, continue de monter en flèche.

La banlieue: «Ça nous change la vie»

Si l’idéal du Parisien reste d’habiter intra-muros (car franchement, la banlieue, «c’est un peu le bout du monde»), celui-ci peut décider, à un stade de sa vie, de franchir courageusement le périphérique. Sa hantise étant que son déménagement lui coûte sa bande d’amis qui, jamais, ne viendront «jusqu’ici». Pour un premier achat, le Parisien investira donc prioritairement dans les Hauts-de-Seine, à Puteaux, Levallois, Malakoff, Suresnes ou Boulogne. Ce qui était «un truc de couple» deviendra alors un gage de qualité de vie. Et, surtout, l’occasion d’avoir de la place et de «gagner une chambre»! Le tout à cinq minutes en train, 20 minutes en métro, un quart d’heure en RER du centre de Paris. Et, donc, de la civilisation.

Le métro qui rend fou: «On laisse les gens sortir!»

Prenez un Parisien avenant, plein d’esprit et d’humour, généralement de bonne composition avec ses congénères… Plongez-le quelques minutes dans un couloir souterrain, si possible de bon matin. En quelques secondes, ce Schtroumpf Grognon d’un nouveau genre ne supporte plus rien. Trois minutes à attendre son métro et il souffle. Une bousculade et il prend son air le plus indigné, se jure de s’acheter un vélo et de vendre son pass Navigo aux enchères. Pour éviter le pugilat, le Parisien a donc pris l’habitude de s’isoler. Son casque vissé sur les oreilles, le smartphone dans la main. Un grognon pacifiste.

Le temps: «Je suis sous l’eau»

Les spas et les salons de massage ne cessent de se multiplier à Paris. Bonpoint a lancé son spa itinérant pour relaxer maman et enfant. Et on comprend pourquoi: le Parisien court forcément après le temps. Au bureau, il est «sous l’eau», «dans le jus», «full». Chez lui/elle, «c’est Beyrouth», car il/elle n’a jamais le temps de rien. Et plus il est débordé, plus le Parisien a l’impression d’être… parisien. Plus ou moins bien acclimaté à son milieu naturel, il redouble parfois d’efforts pour s’adapter, aime qu’on le plaigne, mais… se complaît. Au pire ce mode de vie lui donne-t-il une occasion supplémentaire de râler et ça, ça détend!

Do you speak parisien?

• C’est juste pas possible

• Le gros fail!

• Au jour d’aujourd’hui

• J’ai rien dans le «pipe»

• C’est frais

• Carrément!

• Paye ta journée…

• C’est quoi la deadline?

• Graaaave

• Ça fait sens

• Next

• Je suis sous l’eau

• C’est sur ma to do

Entre les lignes

Nombre d’ouvrages consacrés à la personnalité et au mode de vie des Parisiens remplissent les étagères des grandes librairies. L’un des plus connus s’intitule Dessine-moi un Parisien (10/18), d’Olivier Magny. Dans cette adaptation de son blog «Stuff Parisians Like», l’auteur décrit point par point, et avec humour, les caractéristiques du Parisien type. À lire également, Le Petit Dictionnaire énervé de Paris (L’Opportun) de notre rédactrice en chef Anne-Charlotte De Langhe, qui croque les Parisiens par ordre alphabétique et avec acidité. Comment voient-ils leur baby-sitter, les pervenches, les soldes…? Enfin, Comment ne pas devenir Parisien (Leduc), de Caroline Rochet, vous expliquera, contrairement à ce qu’annonce le titre, comment devenir un véritable Parisien tendance.


issu de l’article : https://www.lefigaro.fr/sortir-paris/2012/05/22/03013-20120522ARTFIG00539-les-tics-et-les-tocs-des-parisiens.php

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